FM | Vous avez parlé un jour de la bibliothèque de votre
père, de votre plongée d’enfance dans un monde surréaliste. Pourriez-vous m’en dire
un peu plus?
AM | À Ivry, en banlieue parisienne, j’ai vécu mon enfance
jusqu’à ma majorité. Il y avait deux bibliothèques, dont celle qui était dans la
pièce de mon père pour contenir tout ce qu’il aimait. Dont tout son amour pour le
surréalisme. Il écrivait des poèmes, je ne l’ai découvert que bien plus tard, surréalistes.
FM | Outre le surréalisme, qu’y avait-il d’autre dans cette
bibliothèque qui a marqué votre enfance?
AM | Dans cette bibliothèque, il y avait des livres que mon
père me lisait pour me bercer : Aristophane, dont Les Grenouilles,
en grec, ainsi que du Isou. Ce qui me berçait, c’était la façon dont il lisait ces
textes, avec un rythme bien à lui, une espèce de scansion fabuleuse. Il me conseillait
tel ou tel livre. Et il y avait des Classiques, Hugo, Zola etc. Et l’étagère la
plus haute était pleine de fantastique : Lovecraft, B. R. Bruss et autres. J’ai
aussi découvert Mirbeau et Le Jardin des supplices.
FM | Vous m’avez dit aussi: Mes poèmes sont écrits de
manière impulsive, bien plus pour le rythme et l’association des idées que pour
le sens. Je ne passe en revue que les mots qui apparaissent fréquemment dans mes
livres. Comment se définit alors la création à ce moment où il faut réfléchir
à des thèmes ou à l’usage de différentes formes?
AM | J’écris effectivement de façon complètement instinctive,
les mots sortent seuls et sans autre réflexion que le son. Je pense qu’une suite
de sons, quel qu’en soit le sens, est plus à même de créer une mélodie. Parfois,
syntaxe et grammaire sont reconfigurées dans l’instant, et en cela ce n’est pas
de l’écriture automatique à laquelle on ne retouche sous aucun prétexte.
Je relis le poème pour voir s’il colle bien à l’oreille, et comme j’ai des mots
répétitifs, j’essaie, après les avoir repérés, de changer pour la même sonorité,
quitte à en changer le sens.
Le mot la, je vais le faire varier. Là, Las, la (note de musique A) etc.
Le sens ne sera pas forcément le même, et ça n’engendrera pas forcément une
image; si vraiment il en faut absolument une.
L’idée d’un thème ne pourra être qu’entre l’amour, les griffes et ma propre
mort.
Le seul thème, dans mon cas, ce sera ma vie. Je ne sais pas écrire sur
ni pour quoi que ce soit.
Et c’est quand une période s’achève – un laps de temps – que le recueil est
fini.
FM | J’ai lu vos poèmes comme s’ils étaient un cri de douleur
désincarnée avec un fort accent lyrique et une cascade perpétuelle d’images, un
surréalisme plein d’essence humaine. Mais une chose est ce que nous ressentons à
propos de notre création, et une autre est la façon dont cette même création atteint
le lecteur. Pourriez-vous nous parler de l’existence possible d’un personnage, d’un
alter-ego, d’un interlocuteur imaginaire, qui vous accompagne dans votre création?
AM | Ma vie a toujours été envahie de douleurs et de rages.
Quand j’avais douze ans, j’ai fait ma première rencontre avec la mort. Et je
suis le désespoir, dicté par la mort, le cri, la souffrance que je ne sais exprimer
que sous cette forme.
Quand je veux pleurer et que je n’y arrive pas, j’écris. Une façon d’extirper
le corbeau qui est en moi.
Je râle, et l’homme de ma vie est au cœur même de la confidence.
Je ne suis pas surréaliste. Mon écriture semble intéresser certains, mais on
peut dire que ça frôle, seulement.
Depuis quelque temps, mes poèmes n’ont plus de place. Pas forcément envie d’être
publiée de nouveau à 200 exemplaires, par exemple.
Avec les éditions aPa, mes recueils étaient, à ma demande, tirés à trois
ou cinq exemplaires. Maximum vingt.
Seul notre (Claude-Lucien Cauët et moi) jeu, à mon avis, devrait être publié
à un plus gros tirage. Depuis sa mort, c’est comme si mon inspiration s’était tue.
L’alter ego qui parfois m’accompagne, c’est le lui, le elle, la
reine blanche, une espèce de miroir sur lequel je projette les différentes figures
de ma vie ou de ma haine.
FM | Comme exemple de magie délicieuse, je vois les titres
de ses livres: La Vouivre encéphale, Les Dieux-Vases, Le Squelette exhaustif,
Glossolalie des ongles, La Balafre au minois, L’Ombre à cœur. Le titre comme
un portail d’images fascinantes, qui nous invite à habiter son monde. Comment identifiez-vous
la structure de chaque livre? Comment voyez-vous cet ensemble de poèmes définissant
le caractère unique d’un livre? À propos d’un de ces titres, Les Dieux-Vases
(conclusion), Marcel Moreau déclarait: Pour Alice Massénat, la sémantique ne
vaut que par sa capacité à se créer des situations textuelles renversantes, de l’ordre,
ou plutôt du beau désordre, des savoirs en liberté, anarchies vers la prédestination,
déstructurées du lexique, et cependant d’une étrange cohérence jusque dans leurs
scansions échevelées, leurs déboulés sans préavis. Selon vous, où se situe cette
étrange cohérence?
AM | Les Dieux-Vases est un titre que mon père avait
trouvé pour l’un de ses textes poétiques.
Quand je lui ai demandé s’il n’avait pas un titre pour moi, il me l’a donné.
J’ai écrit un recueil. À sa mort, en 1993, je le lui ai rendu symboliquement
en y ajoutant (conclusion), pour tout le chemin parcouru par ce cadeau.
Les Dieux-Vases (conclusion) est un seul et même texte,
pas un recueil, achevé en 1994. Il hurle toutes ces morts, les musiques y attenant
– l’Adagio d’Albinoni pour ma mère, entre autres – le Requiem de Mozart, et j’y
ai mis toute ma rage envers la copine de mon père, qui voulait tout, en tout cas
trop à mes yeux. Et ce qui s’ensuivit, les successions, ont arraché mon cœur.
C’est l’une des périodes les plus sombres de ma vie.
Ce texte est passé de maison d’édition en maison d’édition, et ce n’est que
dix ans plus tard environ qu’il a été édité.
Les recueils suivants relèvent de la chronologie.
Je n’ai plus rien censuré, et chaque poème était écrit un jour après l’autre,
quasiment, et n’était pas déplacé. Je vivais dans le cri, la dague qui voulait déchiqueter
la mort, quelle qu’elle fût.
C’était généralement des recueils d’une vingtaine de textes.
Les Hauts-Fonds – Alain Le Saux – m’ont proposé de publier un livre, et pour
faire une centaine de pages, je lui ai soumis trois recueils, réunis et retravaillés
– les fameux mots qui revenaient –, dont les titres apportaient un plus à chacun
d’entre eux et n’en faisaient pas une espèce de résumé. L’ordre était purement chronologique.
FM | Jean-Claude Leroy parle d’un certain rapport entre votre
poésie et celle de Joyce Mansour, notamment dans cette vision charnelle des images,
évocation d’une certaine brutalité tensionnelle entre l’être et le verbe. Il est
toujours très difficile d’aborder le thème des influences, car cela peut nous conduire
à une perception très superficielle de la poésie que nous lisons. Je ne sais donc
pas si vous avez une quelconque affinité avec Joyce Mansour, mais j’aimerais profiter
de cette occasion pour vous poser des questions à ce sujet et sur d’autres relations
entre votre poésie et celle d’autres poètes.
AM | Et Jean-Claude Leroy et François Di Dio (Le Soleil noir)
ont fait tous deux référence à Joyce Mansour après m’avoir lue. À aucun moment je
ne l’avais abordée à l’époque. Je n’ai découvert ses mots et sa crudité que très
récemment. À présent, je comprends un peu mieux ce à quoi ils faisaient référence.
Et j’avoue avoir été reliée à elle avec grand bonheur. J’aime énormément
ses écrits.
FM | Dans le milieu des amitiés, les rencontres qui peuvent,
dans la vie d’un créateur, être plus essentielles que la lecture, la vie qui nous
accompagne, qu’elle soit recherchée ou donnée au hasard, comment nous découvrons
ce milieu, qui sont nos amis et quelles influences ont-ils dans votre vie?
AM | Ma liberté s’est développée lors de rencontres diverses,
autant sur le plan amical que sur le mot même. Jimmy Gladiator (Camouflage)
m’a permis de croiser le chemin de la poésie, y compris celle d’Esther Moïsa, dont
je me suis réellement inspirée. Ensuite, Pierre Peuchmaurd est devenu comme un frère.
C’est lui qui arrivait le mieux à rentrer dans mes poèmes et à faire des remarques
judicieuses, et non, comme beaucoup, à partir de leur propre écriture. Je faisais
lire à des amis très proches chacun de mes poèmes, Françoise Ascal, Jacques Josse
(Wigwam) et quelques autres. Sans doute pour avoir leur aval. J’étais loin
d’être sûre de moi. Ajoutez à cela que j’ai mis un temps fou avant d’aborder le
charnel dans mes textes. Après, elle a fait partie intégrante de mes mots. C’est
depuis ma rencontre avec Claude-Lucien Cauët que j’ai retrouvé toute cette écoute
de mes mots, et il m’a sérieusement apporté son aide dans le fignolage. Je n’envoyais
plus rien à mes amis, parce que j’avais l’aval de Claude et cela me suffisait amplement.
J’avais acquis mon écriture. J’espère qu’elle pourra évoluer un jour.
FM | J’ai lu un de vos vers: J’ai un corps qui me ronge
et ne sais plus où virer. Vers qui vous tournez-vous lorsque vous avez besoin
d’un moyen de sortir d’une obscurité vorace ou d’un mystère violent? Quel est votre
rapport à votre corps et aussi au corps du langage (dans votre poésie)? Comme l’observe
Alain Joubert, Alice Massénat ne se contente pas de côtoyer l’abîme jusqu’au
vertige, si ses mots font jaillir une volonté absolue de faire face en guerrière
aux assauts de l’angoisse, ce qui la pousse parfois à augmenter le ton jusqu’à la
harangue, à oser l’impensable, à cingler au grand large de l’imaginaire avec un
langage débridant toute convention. Cette chair de l’écriture, ce feu constant
du langage, qui peut trouver une certaine attention chez Artaud ou Bataille, définit-il
à la fois votre poésie et votre vie?
AM | La place du corps dans mon écriture est vitale, que
ce soit celui de ceux qui m’entourent ou celui de la douleur psychique qui me hurle
aux oreilles mais que je ne sais pas exprimer de quelque manière que ce soit sinon
par des ensembles de mots eux-mêmes assassins. Cette absence d’expression dite cohérente
me permet sans doute de hurler plus violemment mes auto-mutilations, mes hargnes
– vous voyez, je suis déjà en train de me censurer –, face à tout un langage bleu.
Et mort. Mon corps ne peut vibrer qu’à travers le rêve et sa sculpture, cauchemar
et prise de position. Mais désormais il se tait.
FM | Je veux demander comment la relation entre le corps du
créateur et le corps du langage établit une relation sexuelle, c’est-à-dire qu’en
général nous comprenons une relation philosophique, mais cet environnement philosophique
peut être élargi (ou réduit, selon la vision de chaque personne) à une sphère sexuelle?
AM | Cette question est très difficile, pour moi, dans la
mesure où chaque mot de mes textes prend la forme d’un rapport sexuel avec l’autre.
Comme si le Lui et moi faisions l’amour dans la poésie…
AM | C’est là qu’intervient Mansour, et c’est là précisément
que je me suis reconnue.
FM | Je crois que la mort et le sexe sont les deux plus grands
tabous de l’existence humaine et que l’art n’a pas encore réussi à briser cette
barrière.
AM | Oui, c’est à ce moment-là que Mansour entre et défonce
toutes les portes. Elle est très incroyable en ce sens. Un poète qui explose de
tous les tabous.
AM | J’ai pourtant l’impression que mes poèmes transgressent
ces barres… Ce moment de transgression s’écartèle entre le sexe et le cerveau. C’est
là que la jouissance de l’humain s’exprime.
FM | Mais comment le langage poétique absorbe-t-il cette
relation? Car il est possible que le matériel qui en résulte apparaisse comme un
pamphlet ordinaire, comme la pornographie, ce qui serait la négation d'une tension
sexuelle agissant au sein du langage. Comment séparer le bon grain de l’ivraie?
AM | La langue elle-même se fait sexe, et le tabou explose
dès lors que c’est dit, hurlé comme Artaud. C’est pour cela précisément, pour que
le sexe se fasse langage et nie son tabou. Et dès lors mon langage se fait sexe.
FM | Un monde ouvert à toutes les explorations possibles.
La charité est entrée dans le mystère du rêve, les détours entre le lit et l’environnement
de combat, le couple amoureux et le double, l’idée d’un autre qui nous permet d’entrer
dans l’abîme, l’inconnu. Sans ce moment de séduction amoureuse, pas de création
poétique. C’est ce que je pense et c’est aussi ce que je comprends en lisant votre
poésie.
AM | Mais je l’exprime bien mal, hors poème. Je serais incapable
de virer ma plume pour une prose où je n’oserais ni ne saurais aborder ce sujet.
FM | Ma chère poétesse, avez-vous déjà réfléchi à la relation
entre votre nom et celui du personnage central de l’œuvre de Lewis Carroll?
AM | Oui, je pense, puisque mon prénom a été choisi en référence
à Lewis Caroll. Mais je ne suis pas vraiment elle, même si le rêve jouit en moi.
FM | Je n’imaginais pas que vous étiez Alice, l’Alice de
Caroll ! Pourtant, il y a toujours un imaginaire qui nous hante, au fond de nous.
En tout cas, je veux revenir ici sur l’idée de l’existence d’un environnement surréaliste
dans votre poésie. Je ne pense pas en termes d’influence ou de votre pleine acceptation
du mouvement. Il y a ces moments magiques de liberté qui impliquent le triptyque
défendu par le surréalisme: amour, poésie, liberté. Nous avons parlé un peu
de tout. Votre poésie m’attire comme un signe d'effervescence entre le désir et
le langage exprimé. Je voudrais poser une dernière question: est-ce que la tradition
poétique en France a réussi à rompre avec un langage remis en question par le surréalisme?
AM | Le langage me semble avoir été effectivement remis en
cause par le surréalisme. Mais bien des gens ont ignoré et ignorent encore cette
remise en question. Ils en sont aux rimes, voire au nombre de pieds etc. Même des
professeurs de lettres se refusent à lire de la poésie et nient tout le rapport
avec le surréalisme, comme un tabou. Le surréalisme se positionne clairement, en
théorie, ne serait-ce que sur la politique de l’époque. Encore maintenant, sans
doute, mais je ne suis pas assez au fait. Le langage se fait de tout côté. Un
chien andalou, le jeu d’échecs de Duchamp, Entracte, avec Satie entre
autres. Et y engouffre le rêve.
FM | Ce que vous dites, c’est que le formalisme français
n’a pas appris du surréalisme et qu’après le plus grand moment d’influence du surréalisme,
la poésie en France a repris sa ligne formaliste, sans grande audace esthétique?
AM | Beaucoup n’ont pas appris du surréalisme. Voire refusé
d’apprendre. Allez au Marché de la poésie, à Paris, et manifestement beaucoup ont
refusé de quitter une langue qu’ils croyaient être la leur pour une évolution évidente
et vitale. Beaucoup, heureusement, y ont une véritable voix, qui transpire impliquée
qu’elle est dans un accord avec le surréalisme. Du moins à mon avis.
FM | J’imagine exactement la même chose. Nous sommes arrivés
au terme de notre dialogue, même s’il était si agréable que nous pourrions rester
ici pour le reste de notre vie. Voulez-vous ajouter autre chose? Pour ma part, je
voulais vous remercier pour votre affection et votre attention. Votre poésie a pour
moi une force précieuse. Merci beaucoup.
FLORIANO MARTINS (Brésil, 1957). Poète, essayiste, traducteur et éditeur de Agulha Revista de Cultura. Ses études sur le surréalisme l’ont amené à publier, entre autres ouvrages, trois volumes intitulés La Boussole du hasard – Trilogie du surréalisme (2024). Traducteur de poètes tels que Pablo Antonio Cuadra, Enrique Molina, César Moro, entre autres, il est sur le point de publier une anthologie historique, intitulée Le Sphinx sans sommeil – 100 poètes surréalistes, et est également l’auteur d’une vaste œuvre poétique, le titre le plus récent dont Derrière les portes que nous n’avons jamais trouvées (2024).
TARŌ OKAMOTO (Japon, 1911-1996). Fils du dessinateur Ippei Okamoto et de l'écrivain Kanoko Okamoto. Il étudie à la Sorbonne dans les années 1930 et crée de nombreuses œuvres d'art après la Seconde Guerre mondiale. Il était un artiste et un écrivain prolifique jusqu'à sa mort. Parmi les artistes avec lesquels Okamoto s'est associé pendant son séjour à Paris figuraient André Breton et Kurt Seligmann, ce dernier étant une autorité surréaliste en matière de magie qui avait rencontré les parents d'Okamoto lors d'un voyage au Japon en 1936. Okamoto s’est également associé à Pablo Picasso, Man Ray, Robert Capa et sa partenaire, Gerda Tarō, qui a adopté le prénom d’Okamoto comme son propre nom de famille. En 1964, Tarō Okamoto publie un livre intitulé Shinpi Nihon (Mystères au Japon). Son intérêt pour les mystères japonais a été suscité par une visite au Musée national de Tokyo. Après avoir été intrigué par la poterie Jōmon qu’il y a trouvée, il a voyagé à travers le Japon pour enquêter sur ce qu’il considérait comme le mystère qui se cachait sous la culture japonaise, et a ensuite publié Nihon Sai hakken – Geijutsu Fudoki (Redécouverte du Japon – Topographie de l’art). Tarō Okamoto est l’artiste invité de cette édition d’Agulha Revista de Cultura, et sa présence parmi nous est due à la générosité du danseur et traducteur Daniel Aleixo. Nous vous suggérons de visiter le musée d’art Tarō Okamoto: https://taro-okamoto.or.jp.
Agulha Revista de Cultura
Número 259 | janeiro de 2025
Artista convidado: Tarō Okamoto (Japão, 1911-1996)
Editores:
Floriano Martins | floriano.agulha@gmail.com
Elys Regina Zils | elysre@gmail.com
ARC Edições © 2025
∞ contatos
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FLORIANO MARTINS | floriano.agulha@gmail.com
ELYS REGINA ZILS | elysre@gmail.com
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